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Schistes : Josh Fox en Seine et Marne

« Mon premier film était sur le gaz qui met le feu aux maisons, celui-ci est sur l’industrie qui met le feu à notre démocratie. » Rencontre à Jouarre des militants franciliens contre les gaz et pétroles de schiste, avec Josh Fox, réalisateur de Gasland

Jeudi 5 septembre à Jouarre, à un kilomètre de la plateforme de forage de la Petite Brosse (coordonnées GPS: 48°52’51 N, 3°4’26 E), les membres du collectif fertois contre les gaz et pétroles de schiste sont impatients ! Ils attendent Josh Fox, réalisateur de Gasland et du tout récent Gasland II, dont il vient faire la tournée de promotion en Europe.

Les membres du collectif et les militants franciliens qui les ont rejoint sont émus de rencontrer le réalisateur du film sur lequel se sont appuyées les premières actions visant à sensibiliser le grand public et attirer l’attention sur les dangers de la fracturation hydraulique.

Une fois Josh arrivé et nourri, commence un jeu d’interviews croisées. Les journalistes interrogent Josh Fox, sur son nouveau film, sur sa relation aux militants pour qui son premier film a été un outil essentiel, sur une future sortie « officielle »… Les militants, eux, demandent des nouvelles du front étatsunien et l’avis de Josh sur les évolutions possibles des stratégies énergétiques et climatiques. Josh, lui, ne sait pas grand chose de la situation en France. Curieux, il cherche à comprendre le contexte politique. Une question le tracasse : « Mais votre président, Hollande, il a bien dit qu’il n’y aurait pas de fracturation sous son mandat !? »

Questions des journalistes sur le film. Josh nous explique qu’avec Gasland II il a voulu explorer plus à fond les questions que le dossier gaz et pétroles de schiste soulève sur les processus démocratiques : la facilité avec laquelle les compagnies pétrolières et de forage réussissent à contourner ces processus, les difficultés des citoyens à être réellement représentés à tous les niveaux politiques. « Le premier film était sur le gaz qui met le feu aux maisons, celui-ci est sur l’industrie qui met le feu à notre démocratie. » Selon Josh, la démocratie est devenu inefficace dans son rôle de représentativité et tant que nous ne sortons pas de l’ère des hydrocarbures, il en sera ainsi : les enjeux financiers et le pouvoir des pétroliers sont bien trop grands.

Mais la persévérance et l’application des militants à faire valoir les intérêts des citoyens et à mettre à jour la vérité sur les vrais impacts écologiques – bien plus graves que ce qu’on veut nous faire croire – et économiques – bien moins positifs que ce qu’on nous vante, nourrit l’espoir et amène des victoires…

Au fil de la discussion, les militants français et Josh découvrent que leurs territoires, la Seine et Marne et la Pennsylvanie, sont visés par la même compagnie : Hess Oil. Josh nous annonce joyeusement que dans son district, ils ont réussi à mettre Hess dehors ! Militants et citoyens touchés par les dégâts de la fracturation hydraulique ont créé un contexte politique défavorable aux activités de Hess. Une grande victoire pour ce territoire ! Et la question de Josh revient : « Mais vous, votre président Hollande, il s’est bien prononcé contre la fracturation hydraulique ? »

Et le contexte en France, alors ? 

A sa dernière intervention sur le sujet, le 14 juillet, le président a déclaré: « Tant que je suis président, il n’y aura pas d’exploration de gaz de schiste ». Cette déclaration a suscité bien des débats sur un possible lapsus avec le mot « exploitation ». On comprend pourquoi: vu la durée des phases d’exploration (permis pour 5 ans), et l’automaticité de fait du passage des permis exclusifs de recherche à des titres d’exploitations (concessions), les pétroliers veulent savoir ce qu’il y sous nos pieds et se tenir prêts… Pourtant la position de François Hollande est claire, il a déjà déclaré qu’il n’y aurait pas de fracturation hydraulique en France.

Le président a  laissé de côté la question du pétrole de schiste. Et c’est bien le pétrole de schiste, aussi appelé huile de roche mère, qui est visé par les prospecteurs en Seine et Marne. Détail intéressant, en attendant d’obtenir son titre d’exploitation, en phase de recherche, l’industriel a le droit de vendre les substances extraites ! Quelle différence alors entre l’exploitation et l’exploration? Les taxes : les produits sont bien moins taxés en phase de recherche qu’en phase d’exploitation…

Et si l’on considère la lourdeur des investissements pour le forage en phase de recherche (même technique qu’en phase d’exploitation), il peut devenir très coûteux pour l’Etat de ne pas attribuer systématiquement le permis d’exploitation. Les industriels ayant réalisé des investissements attendent un maximum de retours qui ne peuvent venir qu’avec la vente de tous les hydrocarbures visés… Ou des poursuites judiciaires qu’ils n’hésitent pas à lancer contre les Etats qui leur refuseraient les concessions après les avoir laissé prospecter ! CA des ventes ou indemnités, les pétroliers y trouvent toujours leur compte.

Et Josh tombe bien, l’actualité toute fraîche du dossier en France est brûlante. Si l’opinion publique, endormie par une loi qui interdit la fracturation hydraulique adoptée en 2011, ne s’inquiète pas plus que ça des dangers écologiques et économiques et des rapports de force en jeu, les militants eux sont sur le qui-vive.

Jusque là, les annonces politiques sous Sarkozy, comme sous Hollande, en défaveur du développement des activités schisteuses en France, sont des outils puissants pour les militants. Logiquement, leur action citoyenne se situe du côté des majorités successives qui sont d’accord sur ce dossier. Mais, suite à une « Question Prioritaire de Constitutionalité » posée par la société américaine Schuepbach relative à la loi Jacob du 13 juillet 2011, qui interdit la fracturation hydraulique en France, le Conseil Constitutionnel doit se prononcer: la loi Jacob sera-t-elle déclarée constitutionnelle ?

Le rapport de la QPC est attendu le 24 septembre et la décision du CC devra être prise avant le 10 octobre. Si la loi est jugée non constitutionnelle elle tombe, et si elle tombe, tous les arrêts fondés sur cette loi, annulations de permis, blocages et rejets de demandes, tombent automatiquement. Et ce malgré l’opposition affichée du gouvernement à l’exploitation des gaz de schiste.

Ce qui signifie que la foreuse de Jouarre, pourrait bien commencer à forer horizontalement (ce qu’elle fait peut-être déjà, c’est en fait difficile à vérifier) et à « stimuler » la roche par la fracturation hydraulique, avant de se déplacer pour forer ailleurs. Le permis qui concerne ce forage, dit « permis de Château Thierry », a été délivré pour un territoire d’une superficie de 779 kilomètres carrés environ. Sous nos pieds, bien avant la roche mère qui enferme, avant fracturation de manière étanche, le pétrole de schiste, une vaste nappe phréatique, qui alimente en eau potable l’Est du bassin parisien est menacée.

Ailleurs en France des permis ont été délivrés pour le gaz de couche, dernier avatar des explorateurs. Il se situe en dessous du gaz de houille ou gaz de mine des anciennes mines de charbon. Et il nécessite la fracturation hydraulique. Des centrales sont déjà en projet pour produire de l’électricité avec le gaz de mine, qui est extrait en phase un mais s’épuise rapidement. Il semble donc inévitable que le gaz de couche lui succède pour alimenter ces centrales…

Pour forcer la fracturation hydraulique malgré les réticences politiques, les compagnies ont donc une double stratégie de brouillage de pistes en jouant sur les mots: huile de roche mère, gaz de couche, gaz de mine, gaz de houille, gaz de schiste, pétrole de schiste, exploration, exploitation, recherche ; et de fait accompli – une fois les investissements engagés l’Etat a mieux fait de délivrer des permis que de subir des procès et payer des indemnités.

Si ces réticences sont réelles, alors les citoyens et militants qui veillent, luttent, étudient, demandent des comptes, ne font rien moins qu’aider l’Etat et ses gouvernements à mettre en oeuvre une volonté qui s’exprime au sein même de notre démocratie.

Et au fait quels sont les risques ?

La mobilisation est forte en Seine et Marne. Mais c’est en fait une grande partie de l’Est du bassin parisien dont l’eau potable risque d’être polluée. En plus des fuites inévitables sur les tubes de forage qui traversent de nombreuses couches géologiques, des nappes phréatiques de basse profondeur et d’autres en dessous, il faut s’attendre à des remontées des boues de forage dans ces mêmes nappes où est captée l’eau potable.

Autre conséquence incontrôlable : après la fracturation, c’est-à-dire l’envoi de liquide à très forte pression pour briser la roche mère et libérer le gaz et le pétrole prisonniers des couches de schiste auparavant étanches, la pression exercée provoque la migration des fluides de forage et de fracturation polluants vers des couches voisines et leur remontée par des failles naturelles ou des failles créées par la fracturation.

On sait de plus que la rencontre dans le sous-sol des éléments chimiques et radioactifs présents avec les composés chimiques contenus dans les fluides de forage et de fracturation donnera naissance à de nouveaux composés chimico-radioactifs qui peuvent eux-mêmes remonter par le puits de forage et migrer dans le sous-sol vers d’autres couches.

Avec une telle actualité, les occasions de nous exprimer sur le sujet et pour les Franciliens de réagir ne devraient pas manquer! 

Eau et climat, un nouveau paradigme?

On parle souvent de l’influence du climat et du changement climatique sur les ressources en eau et sur le cycle de l’eau.

On ne parle pas de l’inverse : l’effet sur notre climat des changements introduits par l’humanité dans le cycle de l’eau.

Or prendre cette perspective amène une vision nouvelle des évolutions actuelles du climat, et permet non seulement de comprendre de nombreux phénomènes mais aussi d’amener des solutions.

C’est ce qu’a fait un groupe d’hydrologues et de chercheurs slovaques et tchèque. Ce projet est présenté dans un livre « l’eau pour rétablir le climat -un nouveau paradigme de l’eau » (…)

Ile-de-France : 90 % des cours d’eau en mauvais état écologique

ENVIRONNEMENT – Malgré une nette amélioration depuis vingt ans, seuls 10 % des cours d’eau franciliens sont aujourd’hui en bon état écologique. Ce sont notamment les petites rivières qui pâtissent encore le plus des pollutions accidentelles. En 2027, 100 % des cours d’eau seront censés être en bon état selon une directive européenne.

L’Ile-de-France a jusqu’en 2027 pour assainir la totalité de ses cours d’eau selon une directive européenne datant de 2000. « On part de loin » avoue Bernard Doroszczuk, le directeur de la DRIEE d’Ile-de-France, la direction de l’environnement et de l’énergie. Et pour cause, seules 10 % des rivières franciliennes sont aujourd’hui en « bon état écologique » selon les normes de qualité environnementale. Une moyenne peu reluisante qui cache sur le terrain une profonde disparité selon le débit des cours d’eau.

176 pollutions accidentelles recensées depuis 10 ans
« L’amélioration des eaux de la Seine et de la Marne depuis 20 ans est incroyable, se réjouit Fabien Esculier, le chef du service de la police de l’eau. Les taux d’oxygène et de phosphate sont revenus à la normale grâce aux investissements en matière de traitement des eaux usées. Mais les petites rivières comme la Bièvre ou l’Yerres restent en mauvais état écologique, notamment à cause de leur faible débit. »

Globalement, les cours d’eau en Ile-de-France souffrent tous d’un trop plein de polluants chimiques. « On nous a signalé entre 2001 et 2010 176 pollutions accidentelles dont la moitié provenaient de rejets d’hydrocarbures, explique Bernard Doroszczuk. Il ne s’agit pas forcément d’actes délibérés, les orages amènent aussi beaucoup de polluants dans les rivières à cause du ruissellement. Le moindre papier qu’on jette dans la rue peut se retrouver à l’eau. » Depuis l’été dernier, la préfecture de police refuse d’accorder des autorisations de baignade dans la Seine en vertu d’une qualité jugée « insuffisante ». Une politique qui a sonné le glas cette année du Triathlon de Paris.

Ca fore dans le bassin parisien !

Vous pensez que “les gaz et pétrole de schiste, c’est fini !” ? Et bien détrompez-vous ! Quand vous faites sortir un pétrolier par la porte, il revient par le sous-sol, et plus c’est profond, plus il aime !  Souvenez-vous !

Fin 2009, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Ecologie, accorde à des compagnies pétrolières (Toreador Energy France et Hess Oil France) des permis de prospection de pétrole de schiste dans l’Aisne, la Seine-et-Marne et la Marne, dont le permis de Château Thierry. Après de fortes mobilisations citoyennes, une loi interdisant le recours à la fracturation hydraulique est adoptée en juillet 2011.

Qu’à cela ne tienne ! Les demandes de permis pour l’exploration d’hydrocarbures non conventionnels n’empêchent pas les industriels concernés de soutenir mordicus qu’ils ne feront que sonder le sous-sol à la recherche d’hydrocarbures conventionnels !

En Ile-de-France et dans ses départements voisins (Oise, Aisne, Marne, Aube, Yonne, Loiret), il y a 65 demandes de permis en cours d’instruction (dont 13 projets d’octroi) et 22 permis déjà accordés.

Malgré la loi de juillet 2011, les pétroliers, tout en avançant dans leurs travaux, mènent des actions de lobbying auprès des élus locaux et des membres du gouvernement, font des apparitions médiatiques et des actions de communication auprès de la population, tout cela dans le but de promouvoir « l’acceptabilité sociale » des forages : leurs discours mêlent promesses d’emploi, appel à la raison et à l’esprit cartésien, sens de l’opportunité, compétitivité, etc …

De plus, via la réforme du code minier qui s’annonce, ils espèrent séduire les communes par la promesse d’une meilleure distribution de la rente, pour les pousser à accepter les projets contestés.

Enfin, des études (“Petroleum Review”, “Energy Policy”, …), des enquêtes (“New York Times”, …), des articles (Monde Diplomatique, mars 2013) mettent en évidence le caractère spéculatif de cette “révolution” des gaz et pétrole de schiste.

Plus que jamais, nous devons rester mobilisés et ne pas croire que “les gaz et pétrole de schiste, c’est fini !”. Alors tenez-vous informés, informez autour de vous et rejoignez un collectif près de chez vous !

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Hydrocarbure non conventionnel : on appelle ainsi le gaz ou le pétrole de schiste qui est prisonnier dans les argiles très compactes situés entre 1000 et 3500m de profondeur. Il se différencie du gaz ou du pétrole dit conventionnel qui se trouve concentré au sein de vastes poches souterraines où il suffit d’aller le pomper.

Fracturation hydraulique : après avoir foré verticalement, on pénètre horizontalement les schistes, dans lesquels on envoie à forte pression plusieurs millions de litres d’eau mêlés de sable et de produits chimiques pour ouvrir la roche d’où l’on va extraire le gaz ou le pétrole. On appelle cela la “fracturation hydraulique” (ou forage “non conventionnel”). L’eau utilisée par cette technique est irrémédiablement polluée et ne peut pas être retraitée. D’autre part, lors de l’exploitation du puits de forage, il y a un risque réel de pollution des aquifères ; dans le cas de la Seine-et-Marne, les conséquences seraient catastrophiques : un tiers de l’eau consommée à Paris provient de la Seine-et-Marne !

Des permis de recherche (attribués ou en cours d’instruction) couvrent 50% du territoire français (Aquitaine, Île-de-France, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes, PACA, Languedoc-Roussillon, …) et presque 100% de la Seine et Marne !

Cela fait maintenant plus de 10 ans que les Etats-Unis pratiquent la fracturation hydraulique pour l’exploitation des gaz et pétrole de schiste avec des conséquences dramatiques : gaspillage et pollution de l’eau, des nappes phréatiques, pollution de l’air, habitants malades, trafic routier intense, paysages dévastés.

Eau en bouteille : enquête choc sur la qualité

Traces de médicaments et pesticides dans 10% des eaux en bouteille

Des traces de pesticides et de médicaments, dont un pour traiter le cancer du sein, ont été décelées dans environ 10% des eaux en bouteille, sans toutefois remettre en cause leur potabilité, révèle lundi une étude de 60 millions de consommateurs et de la Fondation France Libertés.

« A court terme, il n’y a absolument aucun problème de qualité. Ces eaux sont parfaitement buvables », insiste le rédacteur en chef de 60 millions de consommateurs, Thomas Laurenceau, interrogé par l’AFP. « On est dans l’ordre de l’ultra-trace, du millième de micron, c’est vraiment minuscule », a-t-il précisé.

L’enquête « ne met absolument pas en cause l’honnêteté des embouteilleurs », mais interroge la contamination de l’environnement par les pratiques humaines, ajoute-t-il. « Il y a inquiétude sur la qualité de la ressource globale », résume M. Laurenceau, qui appelle, avec France Libertés, à « la remise à plat des normes de qualité » prenant en compte les nouveaux polluants.

L’analyse a porté sur 47 bouteilles d’eau, trois bonbonnes d’eau, et une dizaine d’échantillons d’eau du robinet prélevés dans trois départements.

Sur les bouteilles d’eau étudiées — portant sur l’ensemble du marché –, 37 ne présentaient aucune trace des 85 molécules recherchées. Dix en revanche contenaient des résidus de médicaments et pesticides.

« La grande surprise », écrit 60 millions de consommateurs, est la présence de tamoxifène, hormone de synthèse utilisée dans le traitement du cancer du sein, dans la Mont Roucous, Saint Yorre, Salvetat, Saint Armand (Du Clos de l’abbaye) et Carrefour Discount (Céline Cristaline).

La teneur est « infime » mais c’est « suffisant pour qu’on s’interroge sur la pureté originelle imposée par la règlementation des eaux minérales », souligne le magazine, qui précise avoir procédé deux fois à l’analyse des échantillons après contestation de la part des embouteilleurs des premiers résultats et de la méthodologie employée accusée de produire de « faux positifs ».

« La seconde analyse a confirmé cette présence, sans que nous soyons en mesure d’en expliquer l’origine », écrit 60 millions de consommateurs. « L’affaire est suffisamment sérieuse pour qu’on lance des analyses à plus grande échelle », estime M. Laurenceau.

Potentiels effets cocktail

Du Buflomédil et du Naftidrofuryl, des vasodilatateurs, ont été également détectés dans l’Hepar, pour le premier, et dans la Saint Amand pour le second.

Par ailleurs, des traces d’Atrazine et d’Hydroxyatrazine, des désherbants pourtant interdits en 2001 mais très persistants, ont été trouvées dans la Vittel (Grande source), la Volvic (Clairvic), la Cora (Saint-Pierre), et la Cristaline (Louise).

« Ce qu’on en retire, ce n’est pas de dire que telle marque est plus risquée qu’une autre. Il n’y a pas les bons et les mauvais. Sur l’ensemble des marques, il y a un problème », poursuit M. Laurenceau. « Les embouteilleurs sont extrêmement prudents mais ça interpelle de voir qu’il peut y avoir (des micropolluants), même si c’est infinitésimal, qui ne devraient pas être là ».

Et l’eau du robinet ? Sur 10 prélèvements, huit contiennent une à quatre molécules sur les 85 recherchées, principalement des pesticides mais aussi des résidus de médicaments dont, à nouveau, du tamoxifène décelé notamment en milieu urbain (Rennes et Limoges).

Enfin, sur les trois bonbonnes, des traces de Diéthylphtalate ont été trouvés dans l’Obio, et de Bisphénol A, d’Atrazine et de retardateur de flamme dans la Culligan Val-de-Marne.

« Si tous les micropolluants sont ici présents en très faibles teneurs, leur variété interroge sur les potentiels effets cocktail », souligne 60 millions de consommateurs.

Le magazine et France Libertés, qui ont lancé en 2011 l’Opération transparence sur l’eau, ont publié en mars une carte de la qualité de l’eau potable en France, montrant que les seuils limites en polluants étaient dépassés dans près de 420 communes grâce à des dérogations, sans risque sanitaire immédiat.

De 2012 à 2013, le courant citoyen se renforce

Belle soirée pour  la  Coordination EAU Île-de-France qui a réunit  35 personnes (et 19 représentées par des pouvoirs) en assemblée générale annuelle le 28 février, dans une ambiance conviviale, sous l’oeil vigilant du héros de l’unité italienne, dans les locaux de l’association « Les Garibaldiens » à Paris.

1) Bilan d’activité et rapport (moral) d’orientation

Rappel des grandes lignes du bilan d’activité 2012

Présentation du bilan d’activité par Jean-Claude Oliva

A noter tout d’abord, le succès du FAME qui n’était pas gagné d’avance, c’est le moins que l’on puisse dire. Ce succès auquel la Coordination a fortement contribué nous donne un crédit important auprès de tous les partenaires (associations et collectivités). Il y a un avant et un après le FAME.

En terme de contenus, les échanges développés au FAME renforcent notre orientation et nous donnent de nouvelles perspectives sur lesquelles je reviendrai dans le rapport d’orientation. Nous nous inscrivons dans un mouvement mondial, ce qui donne aussi plus de sens et de portée à chacun de nos combats locaux.

Voici les grand axes issus du FAME qui définissent aussi nos combats :

-après la reconnaissance du droit à l’eau et à l’assainissement gagnée de haute lutte au niveau international au cours de la décennie écoulée, notre nouvel horizon est sa mise en œuvre effective partout dans le monde, y compris ici ;

-la réalisation du droit humain à l’eau amène à considérer l’eau comme un bien commun, inappropriable. La tendance générale au retour à une gestion publique, voire citoyenne, s’inscrit dans cette perspective ;

-la dimension citoyenne et démocratique fondamentale de notre combat pour l’eau, illustrée de façon remarquable par le référendum italien mais qui irrigue de nombreuses actions partout dans le monde ;

-le lien fort entre la question écologique et la question sociale que l’on retrouve dans les résistances à l’extractivisme en Amérique du Sud comme en France dans les luttes contre les gaz de schistes.

L’année 2012 a aussi été celle de notre première victoire devant un tribunal avec l’annulation par le TA de Montreuil de l’adhésion de la CAEE au SEDIF. Cette victoire est à mettre au compte du mouvement citoyen (associations, forces politiques, élus…) avec notre Coordination. C’est la formidable irruption citoyenne qui a empêché une première fois le vote de l’adhésion au SEDIF puis a poussé le président de la CAEE à la faute la seconde fois, et finalement remis en cause l’adhésion au SEDIF. Là aussi, il y a un avant et un après. Sans préjuger du résultat final, la situation est profondément bouleversée : la délibération annulée n’a pas été revotée par la CAEE, il n’est plus question de passage en force ; le nouveau président de la CAEE nous a très bien reçu en début d’année. Les syndicats viennent de se prononcer publiquement pour la première fois contre l’adhésion au SEDIF et en faveur d’une gestion publique directe. Bref, si nous n’avons pas tout gagné, nous avons sérieusement fait bouger les lignes !

 D’autres luttes importantes ont été menées cette année, avec des avancées à la clé. Je ne vais pas les détailler car d’autres pourront en parler mieux que moi. Je pense notamment aux résultats très concrets obtenus par l’AREP-CAMY dans les Yvelines, à l’ouverture de nouveaux fronts avec la création d’associations en faveur d’une gestion publique dans les Yvelines et dans l’Essonne, aux points marqués dans la lutte contre la pollution de la Marne par ADP en Seine et Marne, etc.

Il faut apprécier enfin la diversité des interventions que nous avons mené, diversité qui n’est pas un obstacle mais un atout. On peut noter une dizaine de modes d’action : expertise citoyenne à Est Ensemble ou sur la pollution de la Marne ; militantisme traditionnel (ce n’est pas péjoratif) avec tracts et réunions publiques, performances dans la rue d’art-activisme ; éducation populaire avec conférences, expositions, films ; site Internet de la Coordination revu, blogs « justice pour Caïmanes » et « l’eau blanche », newsletter envoyée régulièrement à 1500 personnes ; lobbying auprès des élus ; interventions d’élus qui sont de plus en plus nombreux à la Coordination ; désobéissance civile ; action juridique au TA…

Pas de recette-miracle pour avancer. Mais chacun a sa place et a un rôle important à jouer ; tout le monde ne fait pas tout ; toutes les actions ne conviennent pas à tout le monde ; mais c’est l’ensemble qui peut créer des dynamiques citoyennes, qui construit un mouvement citoyen capable d’influer sur les décisions dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, ce qui est l’objectif initial et fondamental de la Coordination.

 Premier moment de discussion sur le bilan d’activité et vote du bilan 2012 à l’unanimité.

 Rapport (moral) d’orientation présenté par Jean-Claude Oliva

 La Coordination Eau Île-de-France se trouve dans une conjoncture particulièrement favorable. La réussite du FAME lui a donné une grande crédibilité. Des perspectives européennes s’ouvrent avec la mise en place du Mouvement européen pour l’eau bien commun dont nous sommes parmi les fondateurs et des campagnes communes comme l’Initiative citoyenne européenne « l’eau est un droit humain ». En France, nous avons des interlocuteurs et nous sommes engagés dans des actions à tous les niveaux, du local au national, en passant par la région Île-de-France avec laquelle nous sommes en liens étroits (…)

 Lire le rapport d’orientation 2013

Deuxième moment de discussion et vote du rapport d’orientation amendé à l’unanimité.

3) Le rapport financier 2012 est présenté par la trésorière Marie-Isabelle Heck.  Les états comptables et fiscaux (bilan, compte de résultats et détail des comptes) réalisés par la comptable Chantal Abbou, ont auparavant été remis aux adhérents.

 Troisième moment de discussion et approbation à l’unanimité du rapport financier et des états comptables et fiscaux.

4) Renouvellement du conseil d’administration et du bureau

 A l’assemblée générale du 28 janvier 2012, nous étions en pleine préparation du FAME et nous avons voulu ouvrir largement le CA en élisant 18 personnes ; huit le quittent (ou l’ont déjà quitté). Il s’agit, dans la plupart des cas, de personnes qui n’ont pu trouver le temps dans leurs multiples activités de participer à nos réunions. Nous ne sommes fâchés avec aucune d’entre elles. Et nous aurons certainement l’occasion de refaire appel à elles ou de les retrouver ponctuellement dans l’action. Il peut s’agir aussi de personnes qui s’étaient données une « mission » limitée dans le temps comme Gérard Patrier du Mouvement Utopia, que je tiens à remercier pour son aide efficace pour le FAME !

Notre principe d’ouverture du CA à tous les membres de l’association assure un dynamisme et un intérêt à ses réunions et nous permet aujourd’hui de faire aussi des propositions de renouvellement. Celles-ci visent à assurer une représentativité géographique et par association ainsi qu’au niveau des experts. On élargit aussi la diversité du CA.

 Les nouvelles propositions :

 Salah Anouar, Eau val de Seine, Poissy, 78

Philippe Barbier chimiste, retraité, éco-citoyens de Lagny et alentours, 77

David Blanchon géographe, U Paris Ouest Nanterre

Marie Chaumet, ethno-écologue

René Durand, ancien directeur de régie municipale, Tremblay, 93

Edith Félix, Mouvement Utopia

Pascal Grandjeat, atelier citoyen Val d’Orge, 91

Martine Le Bec, H2O.net Paris

Marc-André Relave, Glob’radio

Gilles Sarfati, syndicaliste retraité

Edouard Sors architecte urbaniste

Jean-Claude Vaché, retraité, Roissy en Brie, 77

Bien entendu, nous souhaitons reconduire le principe de fonctionnement ouvert du CA à tous les membres de l’association.

Pour assurer une meilleure visibilité à la Coordination et faciliter le contact, nous proposons de désigner un ou deux représentants par département qui seront à confirmer au nom par nom.

Nous souhaitons mettre en place un comité des experts avec une mission précise d’aide au retour à la gestion publique à l’échelle de l’Île-de-France. Tous les experts membres de l’association (et d’autres) y ont leur place. Cela nécessite de couvrir toute la gamme d’expertise nécessaire : juridique, et comptable mais aussi technique. Au-delà de leur domaine professionnel, les experts ont leur opinion et participent comme tous les usagers citoyens à la vie de l’association.

 Il nous faudra aussi réfléchir à la place des élus, de plus en plus nombreux, dans la Coordination.

Concernant le bureau, Marie-Isabelle Heck a souhaité ne pas renouveler son mandat et se consacrer à d’autres tâches au sein du CA. Nous la remercions vivement pour le travail accompli.

Nous proposons que Michel Lamboley devienne trésorier. Sachant que les dimensions administratives sont assurées à la fois par Julie Morineau (suivi quotidien), Philippe Fossat (pour le montage de projets et la recherche de fonds), et Jean-Claude Oliva ; le rôle du trésorier sera avant tout d’impulser une véritable bataille de trésorerie visant à assurer la pérennité et l’autonomie de l’association : cotisations des personnes et des associations, dimension financière de nos activités, etc.

Le bureau se réunira autant que possible une fois par semaine avec les salariées de l’association.

Quatrième et dernier moment de discussion ; élection du CA et du bureau à l’unanimité.

Le bureau et le conseil d’administration