Une enquête de France Bleu et de la cellule investigation de Radio France établit la présence généralisée de PFAS, souvent à faibles doses, dans l’eau potable. En Île-de-France, des prélèvements ont été effectués à Aubervilliers qui est alimentée par l’usine du SEDIF de Neuilly-sur-Marne. Jean-Claude Oliva, directeur de la Coordination EAU IDF, était l’invité de France Bleu Paris le 19 septembre, entretien en lien. Lire aussi les informations de France Bleu et des éléments d’analyse de notre association.
L’échantillon d’Aubervilliers contient six PFAS sur les 25 recherchés. L’un d’entre eux, le PFHxS (acide perfluorohexanesulfonique), est un PFAS interdit en France depuis un an, en raison de sa toxicité sur la thyroïde et la fertilité. Les doses sont faibles, entre 1 et 2 ng/L pour chacun des six PFAS. Un nanogramme (ng) est un milliardième de gramme. En France et en Europe, on considère comme valeurs limites 100 ng/L pour l’ensemble des 20 PFAS les plus courants et de 500 ng pour tous les PFAS. On en est très loin fort heureusement.
Il n’est pas étonnant de retrouver ces PFAS car ils sont présents dans les cours d’eau d’Île-de-France dans lesquels le SEDIF puise l’eau brute pour la potabiliser. Voir la note de l’agence de l’eau Seine Normandie en avril 2023: Le point sur … la contamination par les perfluorés sur le bassin Seine-Normandie Le PFHxS, retrouvé à Aubervilliers, est le 3e PFAS le plus fréquent dans les cours d’eau d’Île-de-France. Le PFHxA, également retrouvé à Aubervilliers, est le 2e PFAS le plus fréquent dans les cours d’eau d’Île-de-France.
Arrêter de produire, d’utiliser et de rejeter les PFAS dans l’environnement, c’est possible! En Europe, il y a seulement 20 sites de production de PFAS et 232 sites industriels utilisateurs, il faut les reconvertir, c’est à la portée des pouvoirs publics, s’ils en ont la volonté politique. C’est à proximité de ces sites que la pollution est maximale et dangereuse pour la population.
Le traitement de l’eau potable doit être amélioré pour faire face à cette pollution. Le charbon actif à renouvellement continu, développé par Eau de Paris à l’usine d’Orly constitue une réponse robuste et sobre qui élimine la plupart des PFAS de l’eau et les détruit. Le SEDIF s’est orienté lui vers l’osmose inverse basse pression, une technologie beaucoup plus coûteuse qui ne tient pas sa promesse d’efficacité car l’eau osmosée est coupée avec de l’eau de la filière classique contenant des PFAS. De nouvelles techniques sont en train d’émerger: une start up française a breveté des mousses qui captent les PFAS ; les mousses sont ensuite enlevées de l’eau et les PFAS détruits. Une université américaine a trouvé des bactéries capable de casser la liaison carbone-fluor des PFAS (Lire ici).
Polluants éternels retrouvés dans l’eau du robinet, « pas surprenant », pour la Coordination Eau Ile-de-France
Alors qu’une enquête de France Bleu et de la cellule investigation de Radio France révèle la présence de plusieurs polluants éternels dans l’eau du robinet à Aubervilliers, le directeur de la coordination Eau Ile-de-France était ce matin l’invité de France Bleu Paris. Il ne se dit « pas surpris ».
Qualité de l’eau du robinet : six polluants éternels détectés à Aubervilliers, dont un interdit en France
Six polluants éternels ont été détectés dans le prélèvement d’eau du robinet réalisé à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. L’un d’entre eux est interdit en France. C’est le résultat de l’enquête réalisée par France Bleu et la Cellule investigation de Radio France, révélée ce jeudi.
Le prélèvement d’eau du robinet réalisé à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. le 5 juin 2024 a mis en évidence la présence de six polluants éternels (PFAS). C’est ce qui ressort d’une grande enquête menée par France Bleu et la Cellule investigation de Radio France, révélée ce jeudi.
L’échantillon a également permis de mettre en évidence la présence de cinq autres PFAS en faible quantité, qui ne sont actuellement pas considérés comme cancérogènes. L’un d’entre eux, le PFBA (acide perfluorobutanoique), a été détecté en très faible quantité (1,2 nanogramme par litre). Il est utilisé dans les emballages (papier et carton huilé), c’est aussi un imperméabilisant de tapis. Il est connu pour avoir des effets sur la thyroïde et le foie. Il n’est pas classé comme cancérogène par le Centre international de recherche sur le cancer actuellement.
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Qualité de l’eau du robinet : 43% des prélèvements réalisés par France Bleu contiennent des « polluants éternels »
Les « polluants éternels » sont présents dans notre eau du robinet à des taux parfois préoccupants, révèlent ce jeudi France Bleu et la Cellule investigation de Radio France. Certains des 89 échantillons prélevés contiennent même des molécules cancérogènes. Enquête sur ces polluants du quotidien.
Dans l’air que l’on respire, les aliments que l’on mange et l’eau que l’on boit, les « polluants éternels » sont partout dans notre environnement. Les connaissances sur ces molécules chimiques créées par l’homme pour fabriquer des poêles en téflon, des imperméabilisants, des cosmétiques, des mousses anti-incendies et même du papier toilette se sont enrichies ces dernières années. Les risques pour la santé (cancers, cholestérol et système immunitaire), sont identifiés depuis le début des années 2000, certains PFAS sont même interdits dans l’Union européenne.
Conséquence, à partir de 2026 en France, les collectivités devront obligatoirement contrôler le niveau des PFAS présents dans l’eau potable. Avant cette date, France Bleu et Anne-Laure Barral, journaliste à la Cellule investigation de Radio France, ont voulu savoir ce qu’il y a dans notre eau du robinet en réalisant 89 « coups de sonde » sur l’ensemble du territoire métropolitain. Il s’agit d’une analyse à un instant T qui donne une idée de la situation.