Est Ensemble se met à l’eau, au grand bénéfice des habitant·es

Depuis le 1er janvier 2024, neuf communes de l’Est parisien ont divorcé d’avec le Sedif et Veolia pour assurer en régie publique et directe les services de l’eau à leurs habitant·es. Premiers effets : des tarifs en forte baisse. Un article éclairant et engageant de  Patrick Piro

L’eau moins chère et sans abonnement, des investissements à la hausse pour l’entretien du réseau, des aides supplémentaires pour les personnes en difficulté avec leur facture : le père Noël est passé le 1er janvier, dans les neuf communes d’Est Ensemble, à savoir Bagnolet, Bobigny, Bondy, Le Pré-Saint-Gervais, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Pantin et Romainville. Pour les quelque 435 000 habitant·es de cet établissement public territorial (1) de Seine-Saint-Denis (93), les services de l’eau potable et de l’assainissement sont assurés, depuis le début de l’année, par une régie publique, en lieu et place du Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif), premier service d’eau en France desservant 4 millions d’usager·es sur 133 communes, et de son délégataire privé Veolia, mastodonte multinational.

La promesse d’« Eau publique par Est Ensemble », la nouvelle régie, est marquée au coin de l’équité sociale. Première mesure, la suppression de l’abonnement : d’un montant fixe, il pénalise proportionnellement les foyers les moins consommateurs. Or près de 92 % des ménages d’Est Ensemble comptent au plus quatre personnes, et le département est classé le plus pauvre de France métropolitaine. Ensuite, la tarification a été totalement refondue, définies en fonction des principaux usages de l’eau potable. La première tranche de 10 mètres cubes (m3), soit 10 000 litres, est gratuite, correspondant à l’eau « vitale » — boisson et cuisine —, que consomme en moyenne un foyer de six personnes chaque année.

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La partie n’est pas gagnée

La marge d’ores et déjà dégagée contribue en partie à la baisse des tarifs pour les foyers d’Est Ensemble. Autre source d’économie, la suppression de l’intermédiaire Veolia, qui ponctionne 9 % des produits issus de la vente d’eau via le Sedif. « Et à terme, nous avons d’autant plus intérêt à minorer la part issue du Sedif, indique le président de la régie, car le syndicat a opté pour la coûteuse technologie de traitement d’osmose inverse basse pression que Veolia lui a vendue, et qui pourrait conduire à un doublement du prix d’achat de l’eau en gros, d’ici une dizaine d’années. »

La vision ‘régie publique’ n’est pas portée avec une conviction égale par tout le monde. J-C. Oliva .

Cependant, la partie n’est pas gagnée, car une partie des élu·es du territoire n’est pas convaincue de l’intérêt de se dégager radicalement du Sedif. « L’impact tarifaire de cette osmose inverse basse pression leur semble surestimé, constate Jean-Claude Oliva. Et puis la vision ‘régie publique’ n’est pas portée avec une conviction égale par tout le monde. » Dernier point du compromis de divorce : les villes de Bobigny et Noisy-le-Sec, qui ont basculé à gauche en 2020, sont autorisées par le Sedif à mettre fin à leur adhésion afin de rejoindre la nouvelle régie.

2024 sera une année d’observation, il n’y a pas de nouveauté tarifaire à en attendre, prévient Patrice Bessac. « J’assume une position ultra-prudente, qui se veut juste et économe à la fois. Et attentive, notamment pour les copropriétés et le parc HLM, qui représentent 80 % des logements dans notre collectivité, où il faudra vérifier que la facturation est correctement ventilée par foyer. »

1 Dénomination propre aux départements de la métropole du Grand Paris, et qui remplace les « communautés d’agglomérations ».

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