Clémence Guetté, députée LFI-NUPES du Val de Marne, interroge le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires sur le projet d’Osmose inverse basse pression (OIBP) mené par le syndicat des eaux d’Île-de-France (SEDIF). Question écrite du 4 octobre en attente de réponse.
L’OIBP est un dispositif de filtrage de l’eau utilisant des membranes percées de pores très fins, employé au départ pour désaliniser l’eau de mer et qui permet d’obtenir une eau très pure en éliminant tous les micropolluants grâce à cette filtration membranaire ultrafine. Le SEDIF souhaite implanter ce dispositif sur ses trois sites principaux : Neuilly-sur-Marne, Méry-sur-Oise et Choisy-le-Roi. Sous des apparences de santé publique, en permettant d’éliminer les micropolluants et d’éviter l’utilisation du chlore pour purifier l’eau, cette technique pose la question de son utilité mais aussi des problèmes environnementaux, financiers ou encore énergétiques et semble surtout constituer un moyen pour Veolia, prestataire exclusif du SEDIF, de s’arroger un monopole sur le marché de la production et de la distribution de l’eau potable en Île-de-France.
D’un point de vue sanitaire, l’eau ainsi produite est tellement pure qu’elle est déminéralisée, donc impropre à la consommation et nécessite de réintroduire des minéraux en la coupant à 20 % avec de l’eau issue d’une filière classique. Par ailleurs, aucun élément ne permet de garantir que le SEDIF n’ajoutera pas de chlore au moment du transport de l’eau dans les canalisations. Le chlore pourra ainsi toujours être présent dans l’eau.
La question de l’utilité d’un tel processus, alors que l’eau d’Île-de-France dans sa production actuelle est parfaitement potable, peut donc se poser.
D’un point de vue écologique et environnemental, ce projet pose également problème : le concentrat issu de la production va être rejeté directement dans la Seine, rejetant ainsi plusieurs polluants et la construction de canalisations aura un impact sur l’habitat de plusieurs espèces rares et donc sur la biodiversité locale. D’après la mission régionale d’autorité environnementale, pour produire la même quantité d’eau potable, le processus OIBP utiliserait 10 % d’eau en plus. Ce procédé consomme également trois fois plus d’électricité que le procédé actuel.
D’un point de vue financier, ce projet est particulièrement coûteux : il nécessite deux milliards d’investissements si le SEDIF l’impose dans toutes ses usines. Et ce projet est également coûteux pour les usagers, puisque l’eau ainsi produite coûtera vingt centimes de plus par mètre cube.
Ce projet devait initialement être mis en place à Arvigny, qui aurait servi de pilote pour l’opération, mais les élus locaux se sont opposés et celui-ci n’a pas obtenu l’autorisation requise de la préfecture.
Pourquoi chercher à implanter dans d’autres communes un projet qui a déjà été rejeté par le représentant de l’État ? Avec ce procédé, le SEDIF semble surtout chercher à imposer cette technologie comme incontournable sur toute l’Île-de-France afin de rendre obsolètes les techniques antérieures et pouvoir obtenir avec son prestataire Veolia un monopole sur le marché. Elle s’interroge donc sur ce que le Gouvernement souhaite entreprendre afin d’éviter la mise en place de ce type de projet OIBP, qui ne paraît pas nécessaire et qui pose de surcroît des problèmes environnementaux, financiers ou encore énergétiques.