Une question écologique mais surtout sociale

Raquel Garrido, candidate aux élections départementales dans le canton Bagnolet, Les Lilas, Romainville a répondu à l’adresse de la Coordination EAU Île-de-France.

L’accès universel à l’eau et à son assainissement est un droit fondamental. Pourtant, le droit à l’eau est bafoué. C’est devenu une question économique et les multinationales font main basse sur cette ressource précieuse. La gestion privée de l’eau est un marché juteux et opaque : la facture d’eau est 10 à 25 % plus chère quand elle est gérée par les multinationales car les grands groupes privilégient les profits au détriment des investissements dans les réseaux. Ainsi le manque d’entretien des canalisations et la lenteur de son renouvellement ne règle pas le problème permanent des fuites. L’eau perdue est quand même facturée aux usagers.

L’eau est une question écologique, en raison du réchauffement climatique, de l’urbanisation croissante, l’artificialisation des sols, des espaces agricoles et naturels et leur imperméabilisation, la chenalisation et l’endiguement des rivières.
Les villes deviennent très rapidement des îlots de chaleur qui transforment l’énergie qui tombe sur le sol en chaleur sensible. En éliminant la végétation et en favorisant le ruissellement de l’eau, l’urbanisation (imperméabilisation des sols, dénaturation du paysage) contribue au déséquilibre des cycles de l’eau.
Les transports routiers contribuent aussi aux pollutions diffuses de l’eau, par la pollution de l’air, les résidus de pneus sur les routes, les huiles usagées. Ces déchets se déversent dans l’eau par le ruissellement des eaux de pluies ou par des déversements non contrôlés.

L’eau est surtout une question sociale. Le droit à l’eau et à un assainissement de qualité a été reconnu le 28 juillet 2010 comme « un droit fondamental essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l’Homme » par l’ONU. Bien que le gouvernement français ait voté la résolution à l’ONU, ce principe n’est toujours pas inscrit dans le droit national. Ainsi, en 2021 dans notre pays, deux millions de personnes sont dans de grandes La loi Brottes de 2013, interdit les coupures d’eau tout comme les réductions de débit.

Pour La France Insoumise, la gestion de l’eau doit être un service public administratif et non un service public industriel et commercial. Cela signifie que le service ne peut être payé que par l’usager : l’intégralité des dépenses faites pour le service doit être financée par la vente de l’eau. Or la tarification reste un obstacle aux droits à l’eau et à l’assainissement. Hors régie publique de l’eau, on constate une progression constante des tarifs appliqués à l’eau. Les écarts constatés entre les tarifs de l’eau se creusent sensiblement entre les zones urbaines et les zones rurales et aussi entre les usagers.
Souvent les usagers économes en eau payent le m3 plus cher que les grands consommateurs de l’activité économique, industrielle, commerciale et agricole qui bénéficient de tarifs attractifs voire dégressifs et d’une exonération totale de leurs dépenses en eau au plan fiscal. Les autorisations de captages directs en nappes données aux industriels notamment à l’agroalimentaire, comme par exemple Coca Cola à Grigny.

Au sujet de la fusion de Véolia et Suez

Les collectivités doivent craindre cette fusion car elle place le nouveau groupe en situation de quasi monopole qui est souvent source d’abus de prix, conduisant d’ailleurs de nombreux élu.es à faire le choix d’un retour en régie. Les actionnaires ont toujours de fortes exigences de rentabilité En tout état de cause, les collectivités auront moins de poids dans les négociations des contrats puisque la concurrence se réduit à peau de chagrin. Cependant il faut garder à l’esprit que la fusion que Veolia/Suez est aussi signe de perte de vitesse face au modèle de la régie publique.

Les choix des EPT Plaine-Commune et Est-Ensemble

Suite aux changements d’équilibre politique liées aux municipales de 2020, le territoire Plaine Commune a annoncé en septembre 2020 son retour au Sedif, tout en appelant à l’instauration d’une régie publique de l’eau opérée par le syndicat. C’est un déni de démocratie puisque plusieurs villes de Plaine commune s’étaient prononcées en faveur du choix de la gestion publique, excluant tout retour au SEDIF. Le nouveau président (PS) de Plaine Commune (et maire de Saint-Denis), Mathieu Hanotin, a en effet décidé de faire réadhérer les neuf villes du territoire et balayé ainsi les débats sur la régie publique et fait le choix du tout-privé avec l’engagement dans une concession portant sur 4,3 milliards d’€ et avec un endettement sur 60 ans qui pénaliseront lourdement les usager.es. 

Est Ensemble à l’inverse est rentré dans un processus démocratique et a acté les études pour la faisabilité d’une régie publique de l’eau. Nos élu-es oeuvrent dans ce sens.

Les choix du SEDIF au sujet des membranes par Osmose Inverse

Le SEDIF envisage d’ajouter une étape de traitement supplémentaire par Osmose Inverse Basse Pression.
Avec cette opération, le SEDIF dit vouloir fournir une eau sans calcaire et sans chlore, débarrassée d’éventuels polluants émergents.
C
e processus de production d’eau osmosée générant des concentrats nécessite de prévoir leur rejet en milieu naturel car le SEDIF ne prévoit aucun traitement des concentrats.
Cela implique des investissements
pour la création du rejet comprenant la canalisation et l’ouvrage au milieu naturel,
le coût d’exploitation est également renchéri du fait de la consommation supplémentaire d’énergie et de la nécessité de réparer et renouveler régulièrement les membranes dont la durée de vie reste incertaine.

L’impact de la généralisation de cette technologie aux usines les plus importantes du SEDIF sur les factures des usagers, est estimé à 0,25 € HT supplémentaire par m3 d’eau selon le SEDIF, montant qui pourrait être sous-estimé.
-l
a consommation d’énergie sera deux à trois fois plus importante qu’actuellement.


la consommation d’eau : par conception, l’évacuation du concentrat engendre une perte significative d’eau.
– 
la nécessité de reminéraliser l’eau traitée : le niveau de filtration est tel qu’il faut remettre dans l’eau osmosée des éléments minéraux initialement présents, pour garantir sa potabilité,

Pour rappel :
– 
la qualité de l’eau produite actuellement est bonne et ne soulève pas de question de conformité
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Le projet d’installation de l’osmose inverse basse pression peut générer des impacts environnementaux significatifs et ne s’intègre pas dans une politique de maîtrise publique des biens, du niveau de service et de la relation à l’usager, de baisse de la facture de l’usager et de lutte contre la précarité hydrique, de transparence du prix et de la gouvernance.

Les orientations pour une gestion publique de l’eau à la France Insoumise :

Nous nous positionnons pour que soit préparée la fin de la délégation de service public de l’eau potable ou de l’assainissement qui engendre le manque de transparence de la gestion de l’eau et de l’assainissement des eaux usées par les entreprises privées.

Nous nous positionnons pour un collège citoyen au sein de la direction du SIAAP et un contrôle de l’environnement et des infrastructures SEVESO par les citoyens.

Sous maîtrise d’ouvrage public, nous voulons sortir des modèles imposés en matière d’assainissement non collectif et nous lancer un grand programme de phyto-épuration pour en finir avec le « tout station d’épuration » qui coûte cher.

Nous engagerons une mutation généralisée de l’agriculture en bio avec le soutien des comités locaux de co-gestion publique de l’eau afin de faire disparaître les intrants polluants et résidus des eaux de surface et souterraines.


• Nous encouragerons à renouveler le patrimoine de production et de distribution de l’eau afin de réduire rapidement les fuites, le gaspillage et les pollutions par un soutien financier et des prêts à 0 %.

• Nous encouragerons les pratiques éducatives locales qui permettent de découvrir, d’aimer, de mieux connaître pour le respecter et le préserver notre patrimoine en eau douce.

L’eau en bouteille plastique

L’eau embouteillée dans du plastique est l’emblème de l’accaparement privé d’un bien commun, auquel s’ajoute le scandale écologique de l’accumulation de bouteilles en plastiques, produit peu recyclable, générant des quantités immenses de déchets qui polluent les eaux, les sols, les océans. Sans compter la pollution engendrée par l’acheminement des bouteilles.

De plus toute marque d’eau en bouteille ou de soda puise son eau dans un aquifère. Par exemple, l’eau Cristaline, marque du groupe Alma, anciennement détenue par groupe Castel, géant du vin et de la bière, est puisée dans trente-deux sources différentes, en France et en Europe.

Le problème est que les niveaux d’eau dans de nombreuses aquifères sont en baisse. Nous utilisons nos ressources en eau trop vite ; bien plus vite que leur taux de renouvellement.

Distribution de l’eau dans le cadre de régie publique

Nous mettrons en place la gratuité des compteurs aux domiciles principaux en supprimant les abonnements. Nous rendrons obligatoire l’ouverture ou la création de points public d’eau potable, d’installations sanitaires et de bains douches publics.
• Nous établirons la gratuité des premiers m3 d’eau nécessaires à une vie digne et une tarification progressive et différenciée pour pénaliser les mésusages.

Nous sommes favorables à la reconnaissance de la personnalité juridique de la Seine, de la Marne et de l’Oise

Le soutien au fret fluvial est une exigence écologique

Il faut stopper les coupes sombres dans les budgets affectés aux voies navigables qui ont conduit à un vieillissement catastrophique des voies d’eau y compris des grands gabarits. Il apparait évident qu’il doit être mis fin à cette pratique d’abandon du mode fluvial, compte tenu de l’intérêt qu’il présente en terme de réduction des nuisances dues aux transports. Cela signifie également que nous nous devons nous donner les moyens de nos ambitions dans le cadre du SDRIF, afin de programmer des liaisons fluvial afin de répondre aux besoins économiques exprimés, réfléchir aux conditions d’équilibre d’exploitation pour rendre à l’économie locale les services qu’elle attend. Cet objectif devra tenir compte de l’évolution des « habitudes » et notamment répondre à la problématique du conteneur, y compris sur le réseau secondaire. Un autre volet de notre réflexion portera sur la recherche qu’il conviendra d’engager et d’aider pour réduire les nuisances en terme de rejets : le fluvial déjà performant dans ce domaine vit sur des acquis de plus d’un siècle et n’a guère bénéficié d’innovations : il y a de notre point de vue, des possibilités d’améliorations importantes tant en matière d’économie d’énergie, de propulsion, de manutention, de logistique. Cette recherche de valorisation du potentiel fluvial passe par un travail de recherche équivalent pour la reconstruction d’un parc fluvial cohérent avec les infrastructures qui seront retenues. Il nous parait également nécessaire d’ouvrir un volet de recherche à l’innovation sur la conception des infrastructures et des ouvrages de navigation pour optimiser toute la chaine fluviale dans la perspective de la transition écologique qui est l’un des axes majeurs de notre programme.
Le recours à des opérateurs privés dont la compétence n’est pas toujours avérée coûte cher au monde fluvial : la mise en place de Voies Navigables de France (VNF) et les péripéties autour de son changement de statut n’a pas permis de régler les principaux défauts de cette structure de gestion et notamment sa soumission aux budgets dérisoires affectés par des pouvoirs publics qui privilégient le routier : il convient de réfléchir à la nature de gouvernance à mettre en place en analysant les réalités vécues dans les dernières décennies. Enfin, nous avons la volonté de regarder en priorité absolue, la mise en place de liaisons efficaces économiquement entre les ports maritimes et le réseau fluvial.

ADRESSE AUX CANDIDAT.E.S AUX ÉLECTIONS DÉPARTEMENTALES 2021

Une réflexion sur « Une question écologique mais surtout sociale »

  1. La question de la privatisation de l’accès à l’usage de l’eau douce manifeste, tout à la fois, plusieurs tendances systémiques émergentes et une « philosophie » perverse du « commerce » des relations humaines et sociales : l’essentiel de cette question réside dans le niveau de dépendance des populations et des communautés humaines, laquelle est LA condition essence-ielle de la survie d’une Matrice cannibale, dont la Haute Finance n’est que l’un des avatars destructeurs…
    Conceptuellement, le Capitalisme et le Libéralisme, en tant que modèles d’économie sociale, sont primairement (ontologiquement) des idéaux-logismes criminels contre La Nature et la nature animale de L’ÊTRE humain…
    S’il s’agit de Matrice, la question du genre se pose également : il ne relève pas du hasard que chez les mammifères, ce soit au pôle féminin que Dame Nature aie confié la charge de la responsabilité de la reproduction de l’espèce… On peut facilement observer que la plupart des activités/emplois consacrées au CARE soient prises en charge par des femmes … Une reprogrammation de la Matrice du Système s’impose et c’est sans doute pour cela qu’actuellement la Parole des femmes brise le silence complice de l’Institution en place…
    Aragon ne disait-il pas que « la Femme est l’Avenir de l’Homme » ?
    Sans Ailes (elles), point de futur pour l’Humanité…

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