SEDIF : l’arroseur arrosé

Le Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF) aime bien le débat …à condition qu’on ne le contredise pas! Ainsi s’en est-il pris vivement  au syndicat Eau du Sud Francilien (et à Eau de Paris) dans un communiqué intitulé « 10 contre-vérités d’Eau du Sud Francilien », le 9 mai. A notre tour de montrer les contre-vérités, les manipulations et les approximations du SEDIF.

AFFIRMATION DU SEDIF

➡️ Le projet du SEDIF ne consiste pas à mettre en place une technique basée uniquement sur des membranes d’Osmose Inverse Basse Pression (OIBP) qui nécessiterait effectivement un mélange. Le projet prévoit une combinaison de membranes (OIBP / nanofiltration) qui permettra d’obtenir le meilleur abattement des micropolluants tout en conservant une bonne minéralité pour une distribution en toute sécurité et en tout temps. 100% de l’eau distribuée sera traitée par des membranes et, comme c’est aujourd’hui déjà le cas sur l’usine de Méry-sur-Oise, aucune reminéralisation ne sera nécessaire. La qualité de cette eau permettra aussi d’envisager la distribution d’une eau sans chlore. Cela est expliqué en détail dans les documents d’information du SEDIF disponibles sur le site Internet du débat public.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le premier dossier déposé par le SEDIF laissait planer une ambiguïté sur les modalités de reminéralisation de l’eau après le traitement OIBP. Le dossier diffusé maintenant expose une notion nouvelle de panachage de membranes de nanofiltration et d’osmose inverse basse pression.

Que signifie panachage de membrane ? Le dossier publié est muet sur le sujet. On peut cependant penser que l’eau finale sera constituée d’un mélange d’eau passée par les membranes de nanofiltration et d’eau passée par les membranes d’osmose inverse basse pression. Rien n’est dit sur le pourcentage du mélange, si ce n’est qu’il est défini pour obtenir une dureté de l’eau entre 8 et 12 degrés français. C’est donc l’eau issue des membranes de nanofiltration qui va rééquilibrer l’eau issue de l’osmose inverse basse pression. Mais cette eau va aussi contenir les composants que la membrane de nanofiltration ne sait pas retenir, notamment la matière organique résiduelle, les micro polluants et les médicaments : ces composants indésirable que le projet dit vouloir éliminer totalement vont donc être encore présents dans l’eau finale dans des proportions non explicitées.

Le « tout membranaire » modifie l’économie du projet, notamment le coût d’investissement, les dépenses d’énergie et la quantité de concentrats rejetée au milieu. Le projet ne peut donc s’analyser qu’avec des éléments sur les proportions de chaque technologie et un retour d’expérience complet du traitement par nanofiltration à Méry-sur-Oise sur les paramètres coût d’investissement, coût d’exploitation, consommation d’énergie, rejet de concentrats.

Plusieurs questions sont ainsi à poser au SEDIF pour éclairer les usagers :

Quel est l’assemblage prévu des membranes de nanofiltration et d’osmose inverse basse pression.et le pourcentage envisagé de l’eau traitée par l’une ou l’autre ou les deux types de membranes ?
– Quelles sont les conséquences de l’assemblage prévu (ou de quelques scénarios d’assemblage) sur les coûts d’investissement et d’exploitation, la consommation d’énergie et la quantité de concentrats rejetés au milieu ?
– Quel est le rendement de cet assemblage sur les matières organiques, sur les micropolluants et sur les médicaments ? Comment connait-on ces rendements, y a-t-il eu des pilotes, des publications etc. ?

– Quels sont les retours d’expérience de la nanofiltration à Méry-sur-Oise ? Notamment la durée de vie des membranes, la consommation d’énergie du dispositif avec des membranes neuves puis son évolution avec l’âge des membranes ?

AFFIRMATION DU SEDIF

« Une technologie qui nécessite le prélèvement de 15 à 20% d’eau supplémentaire dans les milieux naturels pour produire la même quantité que les filières classiques. » : ➡️ C’est partiellement faux. Un prélèvement supplémentaire de 15 % est effectivement nécessaire mais le volume est restitué dans le milieu une centaine de mètres en aval du point de prélèvement. L’impact quantitatif sur la ressource sera donc nul. Cela est expliqué en détail dans les documents d’information du SEDIF disponibles sur le site Internet du débat public.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Ce que dit Eau du Sud Francilien est parfaitement exact et ce n’est que parce que le SEDIF choisit de ne pas traiter les rejets de procédé et de les rejeter en rivière que le bilan hydraulique n’est pas trop déséquilibré.

AFFIRMATION DU SEDIF

Concernant l’impact environnemental, Eau du Sud Francilien s’inquiète « d’une augmentation de 20% de la concentration des éléments indésirables tels que les nitrates ou les résidus de pesticides » et « du traitement- non prévu à ce jour dans le projet- (…) des adjuvants associés à la filtration ».➡️ C’est faux. L’augmentation de 20% de la concentration indiquée est non fondée. La concentration en micropolluants en aval de la filière membranaire sera sensiblement la même qu’en amont. Au niveau local (c’est-à-dire au point de rejet), le SEDIF a effectué des modélisations du panache qui montrent que le concentrât n’a pas d’impact sur le milieu naturel grâce à un effet de dilution rapide des cours d’eau (le concentrât ne représente, au maximum, que 2% du débit minimal exceptionnel de la rivière). Par ailleurs, ces rejets feront l’objet d’un arrêté de rejet validé par les services de l’État en charge de la préservation de la ressource, comme c’est déjà le cas à l’usine de Méry.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

La concentration en micropolluants et autres indésirables ne peut évidemment pas être la même en aval et en amont des usines puisque d’une part, le débit de la rivière est réduit du prélèvement fait par l’usine et d’autre part le flux de produits indésirables reste le même puisque l’usine le rejette en totalité. La concentration peut ainsi être augmentée de 20 % selon le débit retenu de la rivière.

Les éléments indésirables plus concentrés, notamment les pesticides et leurs métabolites, viendront impacter les prises d’eau alimentant les habitants de l’ouest francilien, en aval de Paris (usines du Mont Valérien, du Pecq et de Flins Aubergenville).

Le choix fait par le SEDIF de se référer à un débit d’étiage moyen – 10 % (page 64 du dossier) ne rend pas compte de la réalité où les étiages sont et seront plus sévères que cela. D’autre part le SEDIF relève bien le problème posé par la dilution et la diffusion des micropolluants rejetés : on sait que l’obtention d’un mélange homogène (qui est l’hypothèse des chiffres avancés) peut nécessiter plusieurs kilomètre de cours d’eau. Le SEDIF indique avoir fait des études de modélisation du panache de diffusion : elles ne sont pas publiques et ne sont pas validées à ce stade. Concernent-elles toutes les usines ?

AFFIRMATION DU SEDIF

Concernant les adjuvants nécessaires au bon fonctionnement des installations, ils seront traités dans une filière spécifique qui permettra d’éliminer le phosphore qui les compose, principal élément pouvant poser problème d’un point de vue environnemental. Le SEDIF est extrêmement attentif à l’impact de ses usines sur l’environnement.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le phosphore n’est pas le seul élément indésirable. Le SEDIF indique dans le dossier (page 63) «  Il n’est donc pas possible de lister avec précision les réactifs qui seront retenus ». Ceci ne concerne que les eaux de lavage des préfiltres et des membranes. Rien n’est dit sur les produits de conditionnement des membranes (anti-scaling , électrolytes divers etc. ) .

Question : quels produits seront rejetés et en quelle quantité? Le SEDIF est-il en mesure de s’engager sur une liste et de fournir l’agrément de l’ANSES s’agissant d’un rejet de ces produits au milieu naturel sans traitement?

AFFIRMATION DU SEDIF

Eau du Sud Francilien cherche à agiter les peurs sur l’impact environnemental du projet d’une part, et sur le risque encouru par les usines de production d’eau potable situées en aval d’autre part alors qu’aucune modification du milieu ne sera perceptible.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le rejet combiné dans la Seine en aval de Paris de près de 150 000 M3 par jour (150 piscines olympiques par jour !) de concentrats fortement enrichis en pesticides, nitrates et autres éléments indésirables aura nécessairement une incidence sur la qualité de l’eau des champs captants en aval de Paris, utilisés pour la production d’eau potable (notamment les usines de Louveciennes, du Pecq et de Flins Aubergenville alimentant l’ouest francilien).

AFFIRMATION DU SEDIF

« Une technologie qui nécessite trois fois plus d’énergie électrique pour produire la même quantité d’eau »➡️ C’est faux. L’augmentation de consommation envisagée ne sera pas de 300 % comme affirmé mais de + 55% par rapport à la situation actuelle. De plus, cette augmentation de consommation énergétique sera largement compensée par les économies d’énergie réalisées par les 4 millions d’usagers du SEDIF. Une eau douce permet en effet des gains d’énergie dans l’ensemble des systèmes de chauffe (chauffe-eau, électroménager divers, etc.).

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

L’extrait ci-dessous du compte rendu du bureau SEDIF du 13/11/2020 parle de lui-même. L’extension de la technologie membranaire à 100 % du débit traité et ses implications sur le renchérissement de la consommation d’énergie par rapport au projet initial, aussi. La multiplication par 2,5 évoquée dans le dossier du Syndicat mixte Eau du Sud Francilien (soit 150 % d’augmentation et non 300 % comme le déforme la note du SEDIF) est donc bien une réalité du projet. C’est bien la modification permanente des chiffres par le SEDIF qui interroge la sincérité de ses données.

Le SEDIF se réfère à la consommation énergétique totale de ses usines. Si on compare le procédé de traitement par membrane objet de son projet à des procédés alternatifs pour obtenir une eau adoucie ou une maitrise des concentration en micropolluants, l’augmentation de l’énergie électrique nécessaire est bien dans cet ordre de grandeur .

D’ailleurs le SEDIF indique lui-même que  « la consommation électrique des usines de Choisy-le-Roi et de Neuilly-sur-Marne devrait augmenter d’un facteur légèrement inférieur à 2 » (dans son dossier de présentation p72).

La compensation par les économies réalisées par les usagers de l’eau est un vœu pieux : le SEDIF qui distribue déjà de l’eau adoucie à Méry-sur-Oise : peut-il démontrer qu’il a atteint cet objectif même partiellement ?

AFFIRMATION DU SEDIF 

Il est faux de dire que « L’existence de deux qualités d’eau (l’eau respectant la directive européenne d’une part et l’eau osmosée d’autre part) compromet les futurs échanges d’eau et contraint les territoires périphériques à envisager des investissements similaires à ceux du SEDIF, soit des dépenses considérables et injustifiées. »

 L’existence de deux qualités d’eau différentes ne représente pas une barrière : les caractéristiques des eaux produites sont déjà différentes aujourd’hui entre les territoires ce qui n’empêche pas les échanges nécessaires entre eux. Rappelons que c’est déjà le cas de l’eau nanofiltrée produite par l’usine de Méry-sur-Oise, qui a une qualité différente de celles des syndicats voisins, et que cela n’empêche pas le SEDIF de faire des échanges d’eau avec eux.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le SEDIF ne tient pas compte de la réalité des contrats de distribution d’eau et de garantie d’eau de secours : une eau sans chlore nécessiterait d’être rechlorée pour être distribuée dans un réseau voisin, une eau de secours non adoucie serait-t-elle acceptée par le SEDIF en cas de difficultés sur ses usines ?

AFFIRMATION DU SEDIF

Il est intéressant de constater qu’Eau du Sud Francilien cherche à opposer ici une eau respectant la directive européenne, ce qui n’est en fait déjà plus le cas en ce qui concerne le Chlorotalonil, avec l’eau qui sera produite demain par le SEDIF, qui en sera dépourvue.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Que veut dire cette phrase ? le SEDIF laisse entendre que les eaux des autres producteurs ne respecteraient pas la directive européenne ? Il cherche à faire peur avec le Chlorothalonil alors que c’est un produit interdit à la vente aujourd’hui et dont la teneur dans les eaux ne peut que baisser dans les prochaines décennies.

AFFIRMATION DU SEDIF

Rappelons enfin que le juge administratif a déjà eu l’occasion de se prononcer sur la responsabilité pour faute d’un syndicat de distribution d’eau potable qui avait laissé perdurer pendant plusieurs années des taux de concentration d’une substance pesticide supérieurs aux exigences légales, sans avoir mis en œuvre tous les moyens à sa disposition pour les réduire.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Il serait intéressant de voir évaluée par un juge la responsabilité du SEDIF dans l’absence totale d’engagement de sa part pour la protection des ressources en eau de surface qui représentent 97 % de ses ressources. Est-il bien certain que le principe de précaution auquel il se réfère pour justifier son projet est bien respecté par cette carence évidente ?

AFFIRMATION DU SEDIF

Le Syndicat mixte Eau du Sud Francilien mentionne dans son dossier que « … le traitement dans les usines actuelles peut être renforcé. C’est le cas par exemple du projet d’Eau de Paris dans sa nouvelle usine Orly 2 avec le recours à la technologie Carboplus de filtration sur charbon actif à renouvellement continu, sans « la fuite en avant technologique » (propos de Dan Lert, Président d’Eau de Paris) que représente l’OIBP. Plutôt que d’anticiper un tout curatif laissant le champ libre aux pratiques indésirables dans les zones d’alimentation des captages, Eau de Paris préfère investir pour le long terme dans la prévention par des actions en amont avec les agriculteurs. » En réponse à cela, le SEDIF adopte la position suivante :

 ➡️ L’installation de la technologie Carboplus sur l’usine d’Orly 2, pensée il y a dix ans par Eau de Paris, a été construite par un opérateur privé, et conçue pour arrêter les micropolluants via une technique de filtration sur charbon actif. Preuve que la problématique du traitement des micropolluants est bien au cœur des réflexions de tous les grands acteurs de l’eau. Il apparait cependant aujourd’hui que cette technologie curative n’a que peu d’impact sur certains d’entre eux, comme le Chlorotalonil qui est justement au cœur de l’actualité suite au rapport de l’Anses.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Il est vain de critiquer les solutions techniques d’autres opérateurs vis-à-vis de produits qu’elles ne cherchaient pas particulièrement à éliminer. Le chlorothalonil est un sujet de préoccupation trop récent pour en tirer des conclusions définitives et compte tenu de ce que l’on sait du potentiel adsorbant du charbon actif en poudre, il est permis de penser que les techniques à base de charbon actif en poudre démontreront une efficacité suffisante sur ce produit.

Il est indispensable que le débat implique le concepteur de la technologie Carboplus (la société Stereau du groupe SAUR) sur les conditions d’élimination du métabolite R471811 du chlorothalonil. La seule affirmation du SEDIF, inspirée vraisemblablement par son exploitant Veolia qui est concurrent de la SAUR, ne peut suffire.

AFFIRMATION DU SEDIF

Concernant les actions de préservation de la ressource, il faut rappeler qu’Eau de Paris se concentre uniquement sur ses ressources souterraines qui représentent 50% de sa production d’eau. Le SEDIF, quant à lui n’a que 3 % de ressources souterraines ce qui limite grandement sa capacité à avoir un réel impact grâce à des actions de prévention.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le SEDIF reconnait n’avoir aucun impact réel sur la protection de 97 % de ses ressources. Il reconnait implicitement avoir abandonné toute initiative de protection des captages d’eau superficielle.

AFFIRMATION DU SEDIF

Eau du Sud Francilien dénonce « la course à la constitution de vitrines technologiques des deux groupes français leader sur le marché mondial. C’est aussi, dans cette compétition, une réponse à la généralisation de la décarbonatation installée par Suez en 2017 et 2018 dans les usines franciliennes de l’ouest (Aubergenville, Le Pecq, Mont Valérien, Louveciennes). »

➡️ Il faut sans doute rappeler ici que quel que soit le type de service public d’eau (collectivité locale ou syndicat) ou le mode de gestion retenu (régie, délégation de service public/concession ou mixte), la construction d’une installation de production d’eau potable est toujours confiée à l’un des leaders français du domaine. Il n’y a pas à ce jour d’alternative. En revanche, il semble indispensable que le service de l’eau soit propriétaire de ses ouvrages de traitement pour se positionner en tant que maitre d’ouvrage ; ce qui est le cas de l’ensemble du patrimoine du SEDIF mais pas de celui d’Eau du Sud Francilien qui achète depuis cinquante ans de l’eau en gros à des opérateurs privés qui sont propriétaires de leurs usines de production d’eau potable.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le contrôle de légalité appréciera l’affirmation selon laquelle « la construction d’une installation de production d’eau potable est toujours confiée à l’un des leaders français du domaine ».

Le SEDIF omet de rappeler la politique du Syndicat mixte Eau du Sud Francilien en vue de l’appropriation des usines de production dans une structure publique à la bonne échelle, proche des territoires, priorisant la prévention des pollutions sur les aires d’alimentation des captages, et soucieuse d’adopter « le juste traitement » sans course en avant technologique.

AFFIRMATION DU SEDIF

Le SEDIF conteste la position suivante du Syndicat mixte Eau du Sud Francilien : « L’eau pure, sans calcaire, sans chlore : le mythe de la technologie purificatrice est un renoncement à la protection des ressources en eau. Le calcaire est un complément alimentaire nécessaire, le chlore est une obligation réglementaire. »➡️ C’est faux. Il n’y a pas de renoncement à la protection de la ressource. C’est un combat à mener sur le long terme. Il faut ici noter que les bassins versant dont dépendent 97% des ressources du SEDIF s’étendent sur plus de 12% du territoire français, faisant de cette problématique un enjeu national. Il faut à ce niveau faire un constat pragmatique : la France est le premier consommateur de pesticide d’Europe et le troisième au monde. 100 000 tonnes de substances actives sont utilisées chaque année sans une véritable tendance à la diminution. Ces polluants vont rester des dizaines d’années dans notre environnement. On ne peut malheureusement pas attendre un changement rapide et global des comportements amenant une amélioration notable des choses. On parle ici de santé publique et l’inaction n’est pas dans l’ADN du SEDIF depuis sa création il y a 100 ans, en 1923.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Il est clair que l’enjeu dépasse le périmètre régional et que le SEDIF ne peut à lui seul traiter le sujet de la protection des eaux superficielles alimentant ses captages. Pour autant, en tant que plus importante entité de production et distribution d’eau potable en France, le SEDIF se doit de prendre des initiatives avec les autres acteurs franciliens déjà volontaires, et ne peut baisser les bras face à la contamination des sols et des cours d’eau par les épandages de pesticides.

Alors que les maigres actions entreprises collectivement sur la protection des eaux de rivière ont cependant apporté une amélioration de la qualité des cours d’eau, le SEDIF qui n’a rien fait de conséquent jusqu’à présent, ne reconnait pas les résultats obtenus et prévoit une dégradation de la qualité de ces eaux dans le futur pour justifier son projet .

On peut affirmer que la qualité des eaux ne se dégrade vraisemblablement pas mais que l’on trouve de plus en plus de composants parce que les techniques de détection sont de plus en plus performantes.

AFFIRMATION DU SEDIF

Concernant le calcaire, l’eau produite sera douce avec une qualité et une composition qui sera entre l’eau d’Evian et de Volvic. Le calcaire sera donc évidemment présent et dans une concentration largement suffisante. 

Enfin concernant le chlore, il n’y a aucune obligation réglementaire nationale. En France, l’usage est à quelques exceptions comme Grenoble ou Mulhouse, de distribuer de l’eau chlorée, bien que cela ne soit imposé par aucune réglementation. La mise en place de l’eau sans chlore sur le périmètre du SEDIF sera le résultat d’une démarche longue de test et de réflexion en partenariat avec les services de l’État, dont l’avis sera déterminant.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le SEDIF a pris volontairement une plage très large de dureté de l’eau, entre Volvic à 8 ° français et Evian, à plus de 30 °français, deux eaux dont les qualités gustatives et la minéralisation sont très différentes. Le projet originel est clairement orienté vers la qualité d’une « eau de source de montagne », à 8 ° français.

S’il n’y a pas d’obligation réglementaire sur la teneur en chlore de l’eau distribuée, le SEDIF devrait expliquer pourquoi il continue de distribuer de l’eau chlorée. Est-il en mesure de s’engager sur une échéance pour mettre en distribution de l’eau sans chlore à partir de ses usines ?

AFFIRMATION DU SEDIF 

➡️ Gérer la problématique des polluants est bien de la responsabilité des services de l’eau et cela depuis toujours ! Il est inquiétant de constater que ce n’est pas l’avis de tous les producteurs d’eau dont certains cherchent apparemment à se défausser de leur responsabilité. La réglementation européenne et nationale fixe désormais des objectifs de plus en plus stricts pour retirer de l’eau distribuée au robinet, les polluants qui se trouvent dans les eaux brutes. Il appartient désormais aux distributeurs d’eau potable de mettre en œuvre des mesures adaptées, à un coût maîtrisé. C’est bien l’objet du projet du SEDIF.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le SEDIF fait le choix individuel de procédés curatifs lourds, ce n’est pas le seul choix possible ! La mise en place d’une concertation / coopération entre les autorités organisatrices de l’eau permettrait une efficacité collective dans la protection de la ressource d’eau de surface.

AFFIRMATION DU SEDIF 

➡️ L’impact tarifaire du projet est évalué entre 0,30 €/m3 et 0,40 €/m3. Il est à comparer avec le coût payé par l’usager qui est aujourd’hui de 4,81 €/m3. Il s’agit donc d’une augmentation de 6,2% du coût du m3 ce qui représente pour un foyer moyen (2,3 personnes) 3 à 4 euros par mois supplémentaires sans compter les gains apportés par l’adoucissement de l’eau qui permettront aux usagers de faire des économies : moins de produits ménagers, allongement de la durée de vie et baisse des consommations énergétique des appareils chauffant l’eau. Nier aujourd’hui l’impact du calcaire sur le budget des ménages montre une mauvaise connaissance du sujet.

Cela est expliqué en détail dans les documents d’information du SEDIF disponibles sur le site Internet du débat public.

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Une fois de plus, on noie le poisson en parlant du prix complet de l’eau pour l’usager (production, distribution, assainissement, redevances et taxes) alors que le projet ne concerne que le coût de production de l’eau potable. Si chaque composante du prix de l’eau augmente de 4 à 5 €/ mois, où va-t-on? Les gains apportés par l’adoucissement sont illusoires et peuvent être apportés à moindre coût par des techniques connues de décarbonatation de l’eau.

AFFIRMATION DU SEDIF

Au travers de son document, Eau du Sud Francilien tente de minimiser sa responsabilité de producteur d’eau face aux grands enjeux sanitaires de demain et semble inquiet de l’ambitieux projet du SEDIF : en effet comment justifier demain à la population que rien n’a été fait pour garantir une eau potable la plus saine possible ?

 

COMMENTAIRE DE LA COORDINATION EAU IDF

Le débat public intitulé « L’eau potable en Ile-de-France » est l’occasion pour tous les grands services de l’eau francilien de discuter de ces grands enjeux avec objectivité et pragmatisme.

Comment justifier que rien n’a été fait pour protéger les ressources en eau superficielle des populations et que celles-ci doivent payer la note de ces carences, qui plus est avec un surinvestissement technologique ?

16 mai 2023

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