Coup dur pour le projet d’eau potable « ultrapure » du SEDIF

Le préfet de Seine-et-Marne n’a pas accordé l’autorisation environnementale nécessaire au projet du Syndicat des eaux d’Île-de-France, qui comptait utiliser une technologie révolutionnaire qui doit coûter 800 millions d’euros, mais très critiquée. Le projet pilote qui devait démarrer à Savigny-le-Temple, apparaît très compromis. Le SEDIF se veut optimiste. Par Olivier Debruyne.

Douche froide pour le SEDIF. Le Syndicat des eaux d’Île-de-France, qui distribue près des deux tiers de l’eau potable des Franciliens, voit une nouvelle fois un obstacle se dresser sur sa route vers son rêve d’une eau ultrapure. Un traitement de l’eau dite par « osmose inverse basse pression (OIBP). Le préfet de Seine-et-Marne devait statuer sur la demande d’autorisation environnementale exprimée par le SEDIF pour lancer les travaux sur le site pilote d’Arvigny. Le représentant de l’État avait jusqu’au 20 janvier pour répondre et il ne l’a pas fait. Ce qui équivaut à un refus.

Le président du SEDIF déterminé à continuer malgré tout

Un coup d’arrêt salué ce jeudi soir par les nombreux opposants à cet investissement jugé trop coûteux et inutile. « Le permis de construire ne peut être délivré après ce refus implicite de la préfecture » juge-t-on chez Grand Paris Sud, l’agglomération en pointe contre le projet. Dans un communiqué, signé également par les départements de Seine-et-Marne, de l’Essonne, et l’association des maires du 77, les opposants demandent maintenant au SEDIF de « renoncer à son projet ».

Droit sans ses bottes, le président du SEDIF, André Santini, maire UDI d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), s’est dit hier « déterminé à poursuivre ce projet d’avenir et d’intérêt général, qui répond aux attentes de nos 4 millions d’usagers franciliens en matière de qualité de l’eau et devance les exigences croissantes des autorités en matière de santé ». Un recours au tribunal administratif pour casser la décision du préfet de Seine-et-Marne se profile.

Plus précisément, le SEDIF indique que « le projet dit OIBP, un investissement de 800 millions d’euros, pour nos 3 usines principales est totalement maintenu et la décision locale d’Arvigny n’a pas d’impact sur le déploiement futur, à partir de 2024. Les situations sont différentes : l’usine de Choisy-le-Roi et celle de Neuilly-sur-Marne, sont en bordure de fleuve. L’eau sera donc toujours puisée (et donc restituée) dans la ressource superficielle, et non dans une nappe souterraine. La canalisation de rejet ne sera pas nécessaire, car en bord de cours d’eau. Concernant les concentrats rejetés, nous suivons la doctrine de la Police de l’eau, sans impact sur la ressource compte tenu du débit très important des fleuves ».

La même technique que pour désaliniser l’eau de mer

L’OIBP est une technique utilisée au départ pour désaliniser l’eau de mer et permet d’obtenir une qualité de l’eau inédite en éliminant tous les micropolluants grâce à un filtrage ultra-fin. À tel point que cette eau « trop pure » doit ensuite recevoir les minéraux à la sortie de l’usine afin de redevenir potable.

L’objectif est dans un premier temps d’installer cette technique en test à l’usine d’Arvigny, située à Savigny-le-Temple (Seine-et-Marne), qui approvisionne les usagers d’Athis-Mons, de Juvisy-sur-Orge (Essonne), de Villeneuve-le-Roi, de Rungis et d’Ablon-sur-Seine (Val-de-Marne). Un chantier estimé à 34 millions d’euros simplement sur Savigny-le-Temple et plus de 800 millions d’euros une fois déployé sur les autres usines du SEDIF.

Trop d’eau puisée dans la nappe de Champigny, selon les opposants

Les opposants mettent en avant deux critiques majeures : « Ce projet d’Arvigny demande un prélèvement de 15 % d’eau en plus dans la nappe de Champigny pour produire la même quantité d’eau potable qu’elle produit aujourd’hui, tout cela dans une nappe en tension quantitative et qualitative, explique Grand Paris Sud. Et le rejet en Seine d’un concentrat — représentant l’extraction de toutes les matières organiques et sels minéraux de l’eau — d’un volume équivalent à deux piscines olympiques par jour va à l’encontre de toutes les politiques menées par les territoires, notamment en matière de biodiversité ».

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