Guerre de l’eau en Île-de-France : l’hiver du patriarche

Le processus d’attribution à un opérateur privé du plus grand marché européen de distribution d’eau, évalué à 4,3 milliards d’euros sur une durée de 12 ans, tourne au chemin de croix pour le Syndicat des Eaux d’Île-de-France, présidé depuis 1983 par André Santini, ancien ministre et maire d’Issy-les-Moulineaux (92). Veolia en est concessionnaire sans discontinuer depuis 1923. Par Marc Laimé, dans Carnets d’eau, blog du « Diplo ». 

Un comité syndical organisé comme à l’accoutumée dans l’enceinte même de l’une des trois usines du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF), celle de Choisy-le-Roi, sise sur les rives de la Seine dans le Val-de-Marne, devait débuter le jeudi 16 novembre à 10 heures.

Mais les 133 délégués des communes franciliennes membres du SEDIF, conviés à cette grand-messe pour y approuver un copieux ordre du jour, ont été pour certains d’entre eux empêchés pour un temps d’accéder au site par quelques dizaines de militants écologistes. Ils avaient fêté la veille à Paris la décision du Conseil d’État d’annuler, une semaine plus tôt, la dissolution des Soulèvements de la Terre, ordonnée par Gérald Darmanin après l’affaire des bassines de Sainte-Soline.

Il s’agissait notamment pour le syndicat de faire approuver par les délégués le lancement de rien de moins que quatre études « indépendantes » associant toutes les autorités compétentes en eau potable en Île-de-France, publiques et privées. Ceci afin d’explorer des réponses au rejet dans le milieu naturel de résidus polluants générés par la mise en œuvre d’une nouvelle technologie (l’« osmose inverse basse pression », OIBP) qui est au cœur du nouveau contrat, et a suscité nombre de questionnements lors d’un débat organisé par la Commission nationale de débat public (CNDP) de juin à septembre 2023. Et plus largement d’anticiper les mutations en cours en matière de traitement des micropolluants par les producteurs d’eau potable à l’horizon des toutes prochaines années (1).

Le face à face entre les « écoterroristes » vilipendés par le ministre de l’Intérieur et les dinosaures du politburo du syndicat illustre jusqu’à la caricature la fin de règne calamiteuse d’André Santini, qui fêtera ses 83 ans dans quelques mois.

Car tout est allé de mal en pis depuis l’appel d’offres initialement lancé en 2018 pour le renouvellement et l’attribution du plus important contrat d’eau européen à un opérateur privé.

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